Le groupe allemand a annoncé, ce mardi, la suppression de 700 postes dans l’activité presse de RTL Allemagne. Sous la pression de la flambée des prix de l’énergie et du papier, la filiale de Bertelsmann est obligée de réduire ses ambitions. Un nouveau coup dur pour son patron.
Les ambitions de Thomas Rabe pour Bertelsmann sont décidément contrariées, dans l’audiovisuel comme dans la presse, à l’étranger mais aussi sur son marché domestique. Le groupe a annoncé, ce mardi, une restructuration profonde de son activité d’édition presse allemande avec la suppression à Hambourg de 700 postes d’ici deux ans, soit 36 % de ses effectifs dans le secteur, essentiellement dans les activités supports.
Face à l’explosion des coûts de l’énergie et du papier et la chute de la publicité provoquées par la guerre en Ukraine, la filiale allemande de RTL a décidé de fermer ou de vendre 23 titres et dérivés. Elle avait bouclé l’acquisition de Gruner + Jahr il y a un peu plus d’un an auprès de sa maison mère Bertelsmann et veut désormais se concentrer sur la douzaine des magazines principaux de l’éditeur, dont « Geo », « Stern », « Capital » ou encore « Gala » et « Brigitte », qui assurent 70 % du chiffre d’affaires du secteur.
Bertelsmann maintient sa stratégie cross média…
Sans cette restructuration, Gruner + Jahr aurait enregistré un résultat d’exploitation (Ebita) déficitaire de plusieurs dizaines de millions d’euros cette année, a justifié Thomas Rabe auprès de l’agence de presse allemande DPA. Le patron de Bertelsmann et de la filiale allemande de RTL maintient cependant sa stratégie : le rapprochement de RTL et de Gruner + Jahr doit permettre de créer le premier champion allemand du cross média, capable d’accompagner ses clients tout au long de la journée.
« L’association des activités de télévision, de streaming et d’édition de RTL Allemagne crée une valeur ajoutée considérable d’environ 75 millions d’euros par an », assure Thomas Rabe dans un communiqué. RTL Allemagne prévoit d’investir 80 millions d’euros d’ici à 2025 dans son activité d’édition, dont 60 millions dans les contenus numériques et l’offre payante de ses titres phares. Les marques Stern, Geo, Capital et Stern Crime vont en outre passer dans le giron de RTL News afin de renforcer les synergies avec les rédactions télévisuelles de RTL.
…mais réduit ses ambitions
Cette réorganisation illustre cependant la difficulté de fusionner un éditeur de presse situé à Hambourg avec un groupe audiovisuel installé à Cologne. Outre l’éloignement géographique, un monde culturel les sépare et Bertelsmann en prend acte en tentant une intégration plus différenciée. Cela implique aussi une révision à la baisse de son ambition de créer une application tout en un de divertissement capable de faire trembler Netflix.
Pour l’heure, le groupe dispose d’une appli de streaming pour ses programmes télévisés et d’une autre pour la musique et les livres audio. L’appli Stern+ proposera une offre magazine, mais l’intégration des trois n’a pas encore été tranchée et le groupe souligne que la fonction lecture attire moins les abonnés.
Ces adaptations s’ajoutent à une succession de revers récents de nature à fragiliser Thomas Rabe. Ses ambitions de promouvoir des champions nationaux de l’audiovisuel ont été contrecarrées avec l’échec de la fusion de sa chaîne M6 avec TF1 puis de RTL avec Talpa aux Pays-Bas. Aux Etats-Unis, Bertelsmann a dû renoncer au rachat de la maison d’édition Simon & Schuster. Cela fait beaucoup pour un seul homme.