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Bertelsmann acquiert Simon & Schuster pour plus de 2 milliards de dollars

Après avoir bouclé l’acquisition de Penguin Random House au début de l’année, cette nouvelle opération qui se fera sans endettement devrait permettre au groupe allemand de contrôler plus de 20 % de parts de marché outre-Atlantique. Bertelsmann ne craint cependant pas de veto des autorités de la concurrence.

 

Les prétendants à l’acquisition de la maison d’édition d’Hillary Clinton, John Irving ou encore Stephen King auprès de l’américain ViacomCBS ne manquaient pas. Face à Lagardère, Vivendi ou encore Rupert Murdoch, c’est finalement Bertelsmann qui l’a emporté. Le groupe allemand a annoncé mercredi le rachat en espèces de Simon & Schuster via sa propre maison d’édition Penguin Random House pour 2,16 milliards de dollars (1,83 milliard d’euros).

 

« Après le rachat complet de Penguin Random House en avril de cette année, cette acquisition marque une nouvelle étape stratégique dans le renforcement de nos activités de contenu mondial, qui comprennent Penguin Random House, les activités de production télévisuelle de Fremantle et les activités musicales de BMG », s’est félicité Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann. ViacomCBS veut, de son côté, se concentrer sur l’activité de streaming.

Un nouveau géant américain de l’édition…

 

S’il obtient le feu vert des autorités de la concurrence, attendu dans le courant de l’année prochaine, le groupe basé à Gütersloh renforcerait de façon considérable ses positions outre-Atlantique, son deuxième marché, par ailleurs « le plus important et le plus innovant au monde », souligne Thomas Rabe dans une communication à ses salariés. Bien qu’aussi présent en Australie, au Canada, en Grande-Bretagne et en Inde, Simon & Schuster a en effet réalisé l’an dernier 85 % de ses 815 millions de chiffre d’affaires aux Etats-Unis.

 

Ensemble, les deux maisons d’édition totaliseraient plus de 350 maisons d’édition à l’origine de 57 prix Pulitzer, plus de 80 prix Nobel, et de nombreux auteurs de best sellers, capables de tirer le meilleur parti d’un marché américain de l’édition florissant. Avec la fermeture des cinémas et théâtres, les ventes de livres imprimés ont bondi de 6,4 % aux Etats-Unis sur les neuf premiers mois de l’année, selon NPD BookScan. Les ventes de Simon & Schuster ont même grimpé de 8 %, à 649 millions de dollars, et son bénéfice de 6 %, à 115 millions.

…trop gros sur le marché ?

 

Alors que Penguin Random House publie notamment le couple Obama, Simon & Schuster a aussi enchaîné les coups commerciaux ces derniers mois, profitant de l’année électorale et du sentiment anti-Trump. Il a publié cet été le livre événement de Mary Trump, la nièce du président américain, qui s’est vendu à 1,35 million d’exemplaires la première semaine de sa sortie. Il a aussi publié les confidences critiques de John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, et il vient d’écouler en une semaine 600.000 copies du dernier livre à charge de la star du journalisme Bob Woodward (« Rage »).

 

Bertelsmann peut par ailleurs compter sur les synergies possibles avec les autres filiales de Bertelsmann RTL, BMG, Bertelsmann Education ou encore la société de services logistiques arvato qui sont aussi présentes outre-Atlantique. Le chiffre d’affaires pro-forma du groupe allemand atteindrait ainsi 5,4 milliards de dollars aux Etats-Unis. Le groupe allemand se montre optimiste quant à la réalisation de l’opération, soulignant que sa part de marché sur le marché de l’édition ne dépasserait pas 20 %, selon le calcul de l’Association des éditeurs américains (AAP).

 

Selon les chiffres de NPD Bookscan, ce poids serait plutôt de 33%. « Amazon continue d’être un acteur significatif et de nouveaux éditeurs entrent sur le marché qui est très compétitif », souligne Andreas Grafemeyer, responsable de la communication du groupe. Selon lui, Penguin Random House et Simon & Schuster auraient d’ailleurs perdu des parts de marché au profit de petites et moyennes maison d’édition.

 

Lire : Les Echos du 25 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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