Critiqué pour sa gestion des « fake news » et accusé de siphonner les revenus publicitaires de la presse, le patron de Facebook a présenté ce vendredi à New York son nouveau service d’actualités. Facebook News démarre aux Etats-Unis avec 200 partenaires, qui seront rémunérés.
C’est un projet de « plusieurs années » qui vient de voir le jour. Facebook a présenté vendredi « Facebook News », sa plate-forme d’actualités conçue en partenariat avec certains des plus gros éditeurs de presse. Un outil disponible uniquement aux Etats-Unis pour le moment, mais qui est appelé à être mondial.
« Nous parlons de cela depuis trois ou quatre ans », a confié Mark Zuckerberg lors de la présentation du projet, à New York, en compagnie de Robert Thompson, le patron de News Corp (éditeur notamment du « Wall Street Journal », de l’agence Dow Jones ou du « New York Post »), l’un des partenaires au lancement. Les relations n’ont pourtant jamais été simples entre les deux, le propriétaire de News Corp, Rupert Murdoch ayant sévèrement critiqué Facebook par le passé.
La plate-forme est pour l’instant accessible à une audience test de 200.000 utilisateurs et va être généralisée peu à peu. Facebook a convaincu environ 200 médias et éditeurs, dont le « New York Times », ABC News, NBC News, Fox News, Bloomberg, « USA Today », le « Wall Street Journal », le « Los Angeles Times » ou encore Business Insider.
« Relations de long terme »
Facebook News apparaît comme un onglet à l’intérieur de l’application, à la manière de « Watch » qui propose des vidéos, ou sa boutique « Marketplace ». Les titres d’articles de différentes sources y sont proposés. Ils renvoient en général vers le site de chaque média. Plusieurs fonctionnalités ont été ajoutées, comme la possibilité de relier un abonnement payant à un journal à son compte, celle de masquer les publications d’un média ou encore de personnaliser les contenus, par sujet ou zone géographique. Le service est géré par une équipe dédiée, comptant d’anciens journalistes, qui sélectionne les articles apparaissant sur le service.
Le modèle de rémunération n’est pas encore clair. Facebook paiera les éditeurs pour faire apparaître leurs contenus, mais à des degrés divers. Selon certaines sources, tous ne sont pas certains de toucher une rémunération, au final. La commission dépendra de « plusieurs facteurs ». L’audience sera prise en compte, mais aussi la qualité du contenu. Selon le « Wall Street Journal », News Corp pourrait toucher annuellement plus de 10 millions de dollars, par exemple.
« Nous voulons établir des relations de long terme avec nos partenaires », a assuré Mark Zuckerberg, dont la gestion de la crise des « fake news », sur la plate-forme, avait été critiquée. « Cela nous a pris du temps d’apprécier ce qu’est le journalisme de qualité. Nous devions aussi trouver un certain équilibre sur la plate-forme, car nos utilisateurs veulent voir plus de contenus de la part de leurs amis et de leur famille », a-t-il reconnu.
Un précédent ?
Le patron de Facebook affirme aussi vouloir accueillir sur son application une diversité de points de vue. Le site proche de l’extrême droite Breitbart fait ainsi partie des partenaires, ce qui a déclenché une polémique outre-Atlantique. « Je ne veux pas parler d’un média en particulier, mais nous devons proposer du contenu de sources différentes, à partir du moment où c’est une source fiable, qui respecte nos standards », a-t-il soutenu.
Pour Robert Thompson, Facebook News représente un « précédent puissant, dans un paysage médiatique qui doit changer ». Le patron de News Corp visait ainsi expressément Google, qui refuse de rémunérer les éditeurs pour son service Google News. Mais l’initiative « ne doit pas s’arrêter là ». « Nous sommes à un tournant. Les coûts ont été abaissés à un niveau sans précédent. Si l’on continue, plus personne ne voudra payer pour ce type de journalisme », a-t-il averti, soulignant notamment la fragilité de la presse locale. « C’est la nouvelle frontière », a admis Mark Zuckerberg qui a promis d’intensifier sa collaboration avec les titres régionaux – un fonds a déjà été lancé il y a quelques mois.
Lire : Les Echos du 26 octobre