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Au Texas, une IA va corriger des copies pour économiser le salaire des professeurs

Dans cet Etat américain, tous les élèves, du primaire au lycée, passent chaque année un test pour évaluer leur niveau et celui de leur école. Le nombre de correcteurs devrait passer de 6.000 en 2023 à 2.000 cette année grâce au recours à l’IA, pour des millions de dollars économisés.

La peur d’être remplacé par une IA devient réalité au Texas. L’Etat américain a décidé de partiellement remplacer les professeurs par un logiciel d’intelligence artificielle pour corriger le STAAR, un examen général passé par tous les élèves texans chaque année en anglais, mathématiques, sciences et histoire.

Cette opération, qui va nécessiter une IA générative pour lire les réponses rédigées par les élèves, devrait permettre à l’administration texane d’économiser entre 15 et 20 millions de dollars par an, soit le montant dépensé pour payer les professeurs qui corrigent les copies, raconte le journal local « The Texas Tribune ».

Cet examen, qui a lieu depuis plus de dix ans, a changé de visage l’année dernière : il contient désormais beaucoup moins de questions à choix multiples, et plus de questions ouvertes où les réponses doivent être entièrement rédigées. La correction est donc de facto plus chronophage. L’année dernière, il avait mobilisé 6.000 correcteurs. Il n’en faudra a priori que 2.000 cette année.

Maintien du contrôle humain

Cette IA sera entraînée à partir de 3.000 réponses qui ont déjà fait l’objet d’une notation humaine par le passé. Elle va en identifier les caractéristiques et devra attribuer la même note que celle qu’un humain aurait donnée.

Un quart des réponses seront tout de même corrigées par des humains en supplément de cette technologie, notamment celles marquées d’un indicateur de faible confiance du logiciel, ou celles dont le format ne correspond pas aux critères de départ identifiés par l’ordinateur. Il y aura aussi des corrections aléatoires.

L’Agence du Texas pour l’éducation se défend d’utiliser l’intelligence artificielle en tant que telle, et assure que le processus sera contrôlé et vérifié par des humains. « Nous sommes très loin de tout ce qui est autonome ou qui peut penser par lui-même », soutient le directeur du programme, Chris Rozunick. Mais pour mettre au point un tel outil, l’agence va vraisemblablement utiliser ChatGPT, la plus célèbre des IA génératives, ou Gemini, l’IA de Google, avance « The Texas Tribune ».

Doute sur la fiabilité de l’IA

Bien entendu, la nouvelle est difficile à avaler pour les professeurs habitués à la correction de cet examen. Et pour le monde éducatif en général. L’administration avait déjà exprimé auparavant son souhait d’avoir recours à la notation hybride, mais l’émergence de l’IA générative, capable de lire le langage naturel et de l’analyser, élargit le champ des possibles. Par ailleurs, nombre de professeurs s’inquiètent de l’usage de l’IA par les élèves pour faire leurs devoirs.

La fiabilité d’une telle technologie est aussi un enjeu crucial pour l’avenir des élèves et des établissements. Des notes du STAAR dépendent les affectations des élèves en étude supérieure et le niveau des écoles de l’Etat. Si le niveau est trop bas pendant plusieurs années consécutives, l’école peut être amenée à fermer, ou la direction être remplacée.

Des doutes persistent aussi sur la capacité de l’IA à noter des contenus plus originaux et plus créatifs, ou encore des réponses contenant davantage de mots étrangers. Quoi qu’il en soit, les parents pourront toujours demander une nouvelle correction de la copie de leur enfant, en payant une facture de 50 dollars. Le prix de la confiance.

Lire : Les Echos du 11 avril

 

Jean-Philippe Behr

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