Le secteur du livre et de la librairie subit de plein fouet l’effondrement de l’économie. Mais le pays du Cèdre conserve quelques atouts, et Beyrouth sa place de ville de culture au Moyen-Orient.
Juste avant le deuxième anniversaire de l’explosion au port de Beyrouth, le 28 juillet, une séance de dédicace singulière a eu lieu dans la librairie Antoine aux souks de Beyrouth. Dans ses locaux vides, restés figés dans la dévastation du 4 août 2020, l’écrivaine Joumana Haddad a lu des passages de son livre encore inachevé, La Victime n° 232, et l’auteur Akl Awit, des extraits de son récent recueil de poèmes Le Pays (Naufal). L’enseigne-phare du groupe Librairie Antoine tirait sa révérence. « On ne voulait pas mourir en silence, confie Emile Tyan, son PDG. On a repoussé la décision pendant deux ans mais rouvrir n’avait pas de sens. On n’a pas les moyens de remettre de la marchandise sur 1 000 m2 dans un quartier devenu une ville fantôme. »
Effondrement économique, pandémie, tragédie du port : avec la succession des crises, le secteur du livre au Liban est à l’image du pays, exsangue. Le livre est devenu un produit de luxe pour les Libanais, dont le pouvoir d’achat s’est effondré avec la dévaluation de la monnaie nationale. Les librairies de quartier disparaissent les unes après les autres. L’édition n’était déjà plus aussi florissante que par le passé. Avec la crise, les maisons d’édition libanaises, fleuron du secteur à l’échelle du Moyen-Orient, se débattent pour survivre.
« On fait des efforts énormes pour se maintenir à flot », confie Hind Darwish. Lorsqu’elle a fondé en 2010 la maison d’édition L’Orient des livres, son ambition était de participer à la renaissance culturelle du monde arabeet de faire le trait d’union entre l’Orient et l’Occident, en publiant en arabe et en français des auteurs libanais arabophones, ainsi que des écrivains français ou libanais de langue française.
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