L’actionnaire du troisième groupe d’édition mondial était en profond désaccord avec son ex-PDG sur le devenir de l’entreprise.
Le PDG d’Hachette Livre Arnaud Nourry a été démis, lundi 29 mars, de ses fonctions à la tête du troisième groupe d’édition mondial par son actionnaire Arnaud Lagardère. Cet épisode illustre le profond désaccord sur le devenir de l’entreprise convoitée depuis des mois par l’homme d’affaires Vincent Bolloré.
Arnaud Nourry a été remplacé comme PDG par le secrétaire général du groupe Lagardère, Pierre Leroy, qui sera secondé par le secrétaire général d’Hachette Livre, Fabrice Bakhouche, nommé directeur général délégué.
M. Nourry était sorti de sa traditionnelle réserve pour s’opposer dans les médias à tout démantèlement d’Hachette Livre ou à un rapprochement avec son concurrent Editis, propriété de Vivendi. « Un rapprochement avec Editis n’a aucun sens stratégique », avait-il affirmé dans Le Monde du 23 mars, ajoutant : « Toute idée de démantèlement est à éviter. »
Seul joyau de Lagardère
Hachette Livre, le premier éditeur français, constitue désormais le seul joyau du groupe Lagardère. Contrairement au pôle « travel retail » (les commerces d’aéroports) qui ont subi les conséquences de la pandémie de Covid-19 de plein fouet, le groupe d’édition a traversé la crise sans dommage. Il a publié des résultats 2020 enviables, avec un chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros, et un résultat opérationnel de 246 millions, en hausse de 11,4 %. Depuis 2003, Arnaud Nourry a transformé Hachette Livre en un groupe très international : 70 % du chiffre d’affaires est désormais réalisé en dehors de la France, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
Le principal concurrent d’Hachette Livre, Editis, dont la maison mère, Vivendi, est détenue par Vincent Bolloré, est entré au capital de Lagardère voici un an avant d’en devenir son premier actionnaire. En novembre, de premières discussions auraient déjà eu lieu entre le géant des médias et Lagardère au sujet de la cession du pôle international d’Hachette Livre. Une telle hypothèse inquiète depuis fortement les salariés de ce groupe, qui redoutent aussi une vente d’autres maisons d’édition françaises.