L’avocat des salariés estime que voir autant d’emplois menacés dans une même zone géographique est « inédit ».
Le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé vendredi 29 mars la liquidation judiciaire d’Arjowiggins Papiers Couchés et la cession partielle d’une autre usine, ce qui menace 800 salariés pour ces deux sites de la Sarthe, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat des salariés, Thomas Hollande.
Les sites touchés sont ceux de Bessé-sur-Braye (Sarthe), qui emploie 580 personnes, et du Bourray, près du Mans (270 emplois). « C’est une catastrophe pour le département de la Sarthe », a-t-il déclaré, faisant part de sa « colère » vis-à-vis de l’État.
« Il y a 800 salariés touchés directement, sans compter les emplois indirects. Il y a eu des liquidations qui ont touché autant de salariés, mais autant dans un même département et une même zone géographique, c’est vraiment inédit. »
Pour Bessé-sur-Braye, « c’est la liquidation judiciaire sans poursuite d’activité », a expliqué l’avocat. Pour le site du Bourray, à Saint-Mars-la-Brière, près du Mans, « c’est une cession partielle (…) avec le licenciement de plus de 150 salariés », a ajouté Me Hollande. Quant à la troisième société de Greenfield, à Château-Thierry (Aisne, 75 salariés), elle est entièrement reprise.
« C’est plié »
« La première réaction, c’est la colère face à l’Etat, à la BPI (Banque publique d’investissement, ndlr) et aux dirigeants du groupe, qui sont responsables de cette situation alors qu’il y avait un projet de reprise viable proposé et qu’ils ont refusé de le financer intégralement », a estimé Me Hollande.
Abraham Philippe, représentant CGT à Bessé-sur-Braye, a raconté à l’AFP : « Notre directeur (de site) a pris la parole ce matin. Il n’y a pas d’issue, pas d’investisseur privé, c’est fini. On s’y attendait, mais là, c’est cuit. C’est plié, plus personne n’y croit. »
« On se réunit, on est tous ensemble. Je pense qu’on va bloquer l’usine pour préserver les machines, l’outil de travail et le stock. Y a plus qu’à chercher du boulot… »
« C’est une décision difficile pour le territoire (…). Malheureusement, les financements privés nécessaires pour équilibrer l’offre n’ont pu être réunis », a réagi le ministère de l’économie dans un communiqué.
Les trois usines, qui appartenaient au groupe Sequana, ont été placées en redressement judiciaire le 8 janvier. Bpifrance est actionnaire de Sequana à hauteur de 15,4 % du capital et détient 17,2 % des droits de vote.