« Nous clamons depuis un bon moment que la lecture représente une urgence nationale. » Les propos du président de l’association italienne des éditeurs résonnent lourdement : une récente étude démontre que le pourcentage d’Italiens ayant ouvert au moins un livre, même partiellement, a chuté à 56 % de la population. Heureusement, ceux qui lisaient engloutissent désormais plus de livres.
« La véritable urgence se situe ici : les disparités au sein de la société italienne », reprend Ricardo Franco Levi, président de l’AIE. Car ce refus, ou rejet, de la lecture caractérise de plus en plus un niveau socio-économique, un territoire spécifique et une approche culturelle. Le sud du pays, plus que jamais, se retrouve comme la population qui lit le moins.
A l’occasion de la Foire du livre de Turin, cette étude — Leggere in pandemia #1 — Nuovi percorsi di lettura degli italiani (Lire durant la pandémie #1 — nouveaux parcours de lecture des Italiens) — montre une polarisation qui inquiète.
« L’écart s’est creusé, tout comme d’autres inégalités durant la pandémie », relève Marino Sinibaldi, président du Centro per il libro e la lettura. « Il existe une distinction de plus en plus nette et préoccupante entre ceux qui ont toujours lu, et ont accentué leur démarche ces derniers mois — en achetant plus de livres et en y consacrant plus de temps. Et ceux qui ne se rapprochent pas même de la lecture. »
Les données montrent que les lecteurs de 15 à 75 passent de 65 % de la population en 2019, puis 59 % en 2020 pour aboutir à 56 % sur 2021. Et la tranche d’âge 15-17 ans est la plus importante de ce point de vue : les enfants ont téléchargé des millions de contenus pédagogiques, mais toujours dans la perspective de compléter leur formation scolaire. L’enseignement à distance l’imposait : la lecture, elle, en a souffert.
Dans le même temps, on apprend que le nombre de livres (imprimés, ebooks ou audiolivres) consommés passe à 7,8 contre 7,2 l’année passée par lecteur. Et 6,6 en 2019. Le temps consacré à l’activité — pour ceux qui le prennent — a également connu une forte augmentation : ils sont 15 % de la population à lire au moins une heure, contre 9 % l’année précédente…