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Antoine Gallimard : « Nous ne nous résignerons jamais à une société qui choisit de publier moins pour lire moins »

Dans une tribune au « Monde », le patron des éditions Gallimard critique sévèrement le rapport de Bruno Racine sur « l’auteur et l’acte de création » qui, d’après lui, défend l’idée que pour lutter contre l’appauvrissement des créateurs français, il faut en limiter le nombre.

[Le conseiller maître à la Cour des comptes Bruno ­Racine a remis, le 22 janvier, au ministre de la culture Franck Riester son rapport intitulé « L’auteur et l’acte de création ». Il y constate « une dégradation de la situation économique et sociale des artistes auteurs », qui se ­traduit par une ­ érosion de leurs revenus. Le rapport liste vingt-trois recommandations visant à promouvoir la « professionnalité » du ­statut des artistes auteurs. Il propose de parvenir à « déterminer un taux de référence de rémunération proportionnelle pour les auteurs selon les secteurs », d’ici à la fin 2021. Il plaide pour une transparence sur l’exploitation des œuvres et le suivi des ventes. Il appelle de ses vœux la création d’« un contrat de commande, qui pourrait rémunérer en droits d’auteur le temps de travail lié à l’activité créatrice ».]

Tribune. Tout avait bien commencé avec un président soucieux de disposer quelques livres choisis en arrière-plan de sa photographie officielle : Stendhal, Gide, de Gaulle. La lecture serait l’une des priorités du quinquennat, nous n’en doutions pas.

Tout avait bien continué quand le ministre de la culture, reçu par les éditeurs de livres, avait annoncé que son intention n’était pas de bouleverser les fragiles équilibres de notre filière mais de travailler avec tous à « augmenter la taille du gâteau à partager »… Une image gourmande pour nous inciter à faire croître ensemble l’appétence pour les livres et le travail des créateurs.

Quelques mois plus tard, à la faveur de la publication du rapport de Bruno Racine sur « L’auteur et l’acte de création », nous prenons conscience du peu de considération dont notre secteur jouit chez celles et ceux qui nous gouvernent.

Ce n’est qu’un rapport, certes ; mais il étonne par la façon dont il méprise les professionnels de l’édition, de la diffusion et de la promotion, qu’il désigne à plusieurs reprises comme les « acteurs de l’aval », sans comprendre quelle part est la leur dans l’élaboration même de la valeur des biens culturels… « Les acteurs de l’aval » sont aux éditeurs ce que les « fournisseurs de contenus » sont aux auteurs : une dénomination dégradante, faisant abstraction de la substance des talents, de la réalité économique et humaine des métiers. Nous n’existons pas, sinon sous le mauvais masque des mauvais payeurs ou des profiteurs… C’est ainsi que nous voient les signataires d’un rapport hors sol, qui paraît bien partial et mal renseigné….

Lire la suite : Le Monde du 6/2/20

Pascal Lenoir

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