Le déménagement de l’imprimerie reste d’actualité mais le projet est reparti de zéro en juillet et la gouvernance de la Banque de France doit à nouveau le confirmer mi-2022. Le retard pris reporte l’opération à 2026, si elle est maintenue.
Cela commence à ressembler à un serpent de mer mais qui reste bel et bien d’actualité, assure la direction de la Banque de France. Le projet baptisé Refondation, qui prévoit notamment le déménagement de l’imprimerie de Chamalières sur le site de la papeterie de Vic-le-Comte, a été confirmé en octobre. Le conseil général de la Banque de France, autrement dit son organe de direction, présidé par le gouverneur François Villeroy de Galhau, l’a maintenu sur les rails mais s’est encore accordé une porte de sortie.
Dans l’attente du feu vert définitif
« Le conseil général a décidé en octobre de poursuivre le projet avec le nouveau maître d’œuvre retenu en juillet, détaille Vincent Bonnier, directeur général de la fabrication des billets. Il a aussi validé l’inscription des crédits d’investissement nécessaires au projet dans les prévisions budgétaires de la Banque de France jusqu’en 2024. Enfin, il a demandé que les études sur la demande de billets soient prolongées et a souhaité, sur cette base, se réunir à nouveau mi-2022 pour le feu vert définitif. »
Projet repris au point de départ
Dans un an et demi, donc, il s’agira de statuer sur l’opportunité, ou non, de mener à bien ce projet Refondation, lancé en 2016 et qui prévoyait alors un déménagement en 2022. La faillite du maître d’œuvre initialement choisi, dont les travaux avaient mené à la présentation de l’esquisse architecturale à l’été 2018, a de nouveau plombé l’opération.
Le nouveau maître d’œuvre a repris la conception du projet à son point de départ. Nous devrions en valider l’esquisse en décembre (*). Les études se poursuivront en 2021 par l’avant-projet détaillé et le dépôt du permis de construire. Les procédures d’appels d’offre seront engagées en 2022 et les travaux commenceront en 2023.
D’où l’échéance de mi-2022 retenue pour trancher. Sur la base, donc, de l’évolution constatée de la demande de billets.
Un peu plus de la moitié de la production de l’imprimerie de Chamalières concerne des billets en euros, le reste d’autres devises, principalement pour la zone du franc CFA, en Afrique.
Demande en hausse des billets en euros
« La demande de billets en euros demeure soutenue et elle augmente, souligne Vincent Bonnier. En 2020, elle aura cru d’environ 10 %, c’est-à-dire plus qu’avant la crise sanitaire, alors que l’utilisation de billets dans les commerces diminue en raison du développement des paiements sans contact et des achats en ligne. Ce paradoxe s’explique par une épargne de précaution de nombreux Européens (notamment en Allemagne, Italie et Espagne, où le bas de laine, contrairement à la France, reste très répandu) et une épargne en euros de non-résidents. »
Le marché de l’éco après celui du franc CFA ?
Quant au remplacement du franc CFA par l’éco, qui devait intervenir dès 2020 au sein de la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), il a été reporté en septembre à une « date ultérieure ». Pas avant trois ou cinq ans, ce qui laisse ouvert ce marché pour la Banque de France, laquelle travaille aussi avec les dirigeants de la Cedeao pour se positionner sur le futur marché de l’éco.
À ce jour, donc, l’évolution de la demande de billets ne menace pas le projet Refondation. S’il est confirmé en 2022, précise Vincent Bonnier, le calendrier s’établira comme suit :
Les travaux prévus entre 2023 et 2025 seront suivis d’une phase de validation des nouvelles installations, notamment celles relatives à la sécurité, ce qui nous mènerait à un déménagement en 2026, qui prendra entre six et neuf mois.
L’opération de transfert elle-même a été chiffrée à 130 M€, l’enveloppe grimpant pour la Banque de France à 220 M€ en intégrant les équipements industriels.
(*) Les modalités de communication publique de cette esquisse ne sont pas encore arrêtées. Une concertation préalable, au titre du code de l’environnement, devrait avoir lieu l’année prochaine.
Lire : La Montagne du 27 novembre