Qui n’est jamais physiquement tombé amoureux d’un livre papier ? Cet amour doit-il
toutefois nous rendre insensible ou ignorant de la réalité de l’économie qui le produit ?
Fondée principalement sur un modèle linéaire tronqué (“on produit, on lit, on archive”),
comment la filière de l’édition du livre travaille-t-elle à réduire ses impacts sur l’environnement ? Les acteurs de la filière livre s’en préoccupent-t-ils suffisamment ?
Le peuvent-ils ? Sur quels segments ou leviers appuyer ?
C’est à initier ce débat que depuis 2018 le WWF cherche à contribuer. Un débat qui dérange parfois nos sentiments amoureux pour le livre, mais également les habitudes et les logiques installées d’un secteur économique dont la production pèse près de quatre milliards d’euros en France et est relativement protégée, par la langue et le prix fixe du livre. Ainsi, par exemple, la surproduction permanente de 25 % en moyenne est-elle vraiment indispensable au marketing contemporain du livre ? Également, comme cela est souvent dit, nul ne jette-t-il vraiment jamais un livre de sa vie ? Lorsqu’il est défraichi ou devenu obsolète, en dernier recours, pourrait-on envisager d’en recycler une partie pour valoriser une ressource papier précieuse ?
Cette étude s’attache à chiffrer et mettre en relation des faits d’un bout à l’autre du cycle de vie du livre. Les risques afférents à chaque maillon peuvent être analysés. En
amont, des solutions existent pour les segments sensibles de la production (ex. : livre
jeunesse imprimé parfois très loin). Elles restent encore trop souvent mal connues de l’éditeur, ainsi que du lecteur à l’autre bout du cycle de vie. Par ailleurs, d’autres modèles économiques de l’édition seraient-ils possibles et plus vertueux ? Pourrait-on
en fonder une partie sur une économie du partage ou une économie circulaire (“on produit, on utilise, on réutilise, on recycle, on produit à nouveau”), toutes deux écologiquement plus vertueuses ? D’ailleurs, le livre papier et l’ensemble des acteurs de la filière – du papetier au lecteur, en passant par l’éditeur et le libraire – n’auraient-ils pas plus à gagner qu’à perdre à revendiquer une nouvelle écologie du livre, ainsi qu’une exemplarité et transparence tout au long de la vie du livre ? Celle-ci commence un jour par l’exploitation d’une forêt, puis la fabrication des papiers, celle du livre, son
transport, sa vente, etc.
Au WWF, on aime le livre papier, notamment quand il vit de façon totalement respectueuse de la planète (forêts, eaux, biodiversité, énergie, autres ressources), ce qui est fort heureusement possible. Les livres nous aident à repenser le monde. Certains sont des passeurs de la prise de conscience écologique. Ils peuvent et doivent l’incarner autant dans les faits et dans leurs fibres que dans les mots qu’ils portent. En tant qu’auteure, j’y suis particulièrement sensible.
Préface d’Isabelle Autissier,
Auteure et Présidente de la Fondation WWF-France
Télécharger : le rapport du WWF (64 pages)