Les deux groupes candidats au rachat étaient reçus ce mercredi par la juge-commissaire au tribunal de commerce de Nanterre.
La procédure de vente aux enchères de l’usine est lancée mais tout n’est pas fini. Ce mercredi après-midi, pour la troisième fois, les candidats au rachat d’ArjoWiggins étaient reçus par la juge-commissaire au tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine). Ces deux groupes distincts qui portent des projets de reprise « complémentaires » étaient venus présenter leurs arguments. Les deux audiences ont duré une vingtaine de minutes chacune.
La magistrate n’a pas pu prononcer la vente en leur faveur et leur a annoncé que la procédure de vente aux enchères des actifs de l’usine allait dès lors être lancée. Cette procédure s’étale sur trois mois. La vente ne pourra donc pas se produire avant le mois d’octobre.
Toutefois, dans l’intervalle, les deux groupes candidats peuvent toujours faire des offres de reprise. À condition que les montants proposés soient au moins égaux sinon supérieurs à l’estimation de la valeur des biens de l’usine.
« La juge n’avait pas d’autre choix »
« Je me sens très bien », lance Arnaud Gravey, à la tête d’un des deux groupes de candidats à la reprise. « Nous partons avec le sourire aux lèvres à nos prochains rendez-vous chez des investisseurs potentiels. » Sur le fond, l’ancien contrôleur de gestion d’ArjoWiggins comprend la décision de la magistrate.
« La juge n’a pas d’autre choix que de mettre aux enchères publiques puisque nous n’avions pas assez de fonds. […] Mais si on a des fonds suffisants et des garanties, on peut négocier le rachat des actifs. Cela bloquera la procédure des enchères. »
Même optimisme, mais réaliste, chez la CGT, qui conduit la seconde offre de reprise de la papeterie, sous la forme d’une Scop. Patrice Schaafs, qui mène ce projet avec d’autres, estime que « la juge et le liquidateur sont favorables à la reprise ».
Selon le délégué du personnel, cette vente aux enchères aurait eu lieu bien plus tôt si des propositions de reprise n’avaient pas été faites. L’homme pense à l’avenir et à son projet qu’il mène avec d’autres anciens salariés.
« Il faut que la BPI se porte caution »
« Il faut que nous ayons assez de finances pour obtenir les actifs et que la Scop ait une existence juridique, poursuit Patrice Schaafs. Ensuite, il faut aussi des fonds pour faire tourner l’usine. Nous demandons à l’État de se positionner. Il faut que l’Imprimerie nationale et la Banque de France soient nos clients comme elles le furent par le passé. »
Et le syndicaliste de conclure : « Nous avons aussi besoin que la Banque publique d’investissement (BPI) se porte caution pour nous car sinon les partenaires privés ne nous suivront pas. »
Plus de 200 chômeurs depuis janvier
Originellement propriété du groupe Sequana, la papeterie ArjoWiggins de Jouy-sur-Morin a été liquidée en janvier dernier, mettant 238 personnes au chômage. L’usine, qui fabriquait du papier sécurisé pour billets de banque et documents d’identité. Elle avait été rachetée au printemps 2018 par Blue Motion et Parter Capital, deux sociétés suisses qui auraient sciemment précipité sa chute. Le parquet de Nanterre a d’ailleurs ouvert une enquête au pénal.
Lire : Le Parisien du 10 juillet