CCFI

Hachette en Bourse, un choix rare dans le monde de l’édition

Louis Hachette Group fait son entrée ce lundi sur Euronext Growth dans le cadre de la scission en plusieurs entités du groupe Vivendi. Mais l’histoire boursière d’Hachette remonte à 1922. C’est aujourd’hui l’unique groupe français d’édition à être coté.

C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans la longue histoire boursière d’Hachette. Ce lundi, le nouveau-né Louis Hachette Group fait son entrée sur Euronext Growth dans le cadre de la scission en plusieurs entités du groupe Vivendi contrôlé par la famille Bolloré. Détenue à hauteur de 31 % par Groupe Bolloré, cette société va englober 100 % du capital de Prisma Media et une participation de 66,53 % dans Groupe Lagardère, qui possède des médias (« Europe 1 », le « JDD »), des commerces en gare et en aéroport ( « travel retail ») et le leader français de l’édition : Hachette.

Créé en 1826, le numéro trois mondial de l’édition (hors secteur professionnel) entretient une relation particulière avec les marchés financiers. Dès 1919, la société devient une SA puis ouvre son capital, à hauteur de 25 %, à la banque de Paris et des Pays-Bas (le futur Paribas) un an plus tard avant d’entrer en Bourse en 1922. Une grande première pour un éditeur français.

« C’était totalement atypique dans le paysage éditorial, précise Jean-Yves Mollier, historien de l’édition et du livre. L’actionnariat du secteur était, alors, déjà très familial, et ces groupes avaient un profil de PME. » Au début des années 1980, Hachette tombe ensuite dans l’escarcelle de Matra de Jean-Luc Lagardère et deviendra l’un des actifs de Groupe Lagardère.

Un fait rare même à l’international

Depuis près d’un quart de siècle, Hachette est l’unique groupe français d’édition à être coté. Parmi les éditeurs tricolores de référence, seules Les Presses de la Cité, Flammarion ou les éditions Pierre Belfond ont tenté l’aventure boursière au XXe siècle.

A l’international, les cotations de groupe d’édition généraliste et littéraire sont également rares et concernent souvent les poids lourds de l’industrie comme Hachette. Chez les principaux rivaux du Français aux Etats-Unis, le montage est identique : l’entité est cotée indirectement car logée au sein d’un groupe plus vaste, comme l’éditeur Penguin Random House au sein du groupe allemand Bertelsmann ou Harper Collins chez News Corp.

L’édition généraliste peu compatible avec la Bourse

En Italie, le groupe Mondadori (possédant les maisons d’édition Rizzoli et Giulio Einaudi) est coté directement. Un fait plus rare encore… à l’exception des mastodontes de l’édition professionnelle comme RELX (ex-Reed Elsevier), Pearson, Thomson Reuters ou encore Wolters Kluwer.

« C’est logique car c’est un marché bien plus stable avec des revenus récurrents. Quand vous vendez des livres juridiques ou des publications médicales, vous ne dépendez pas de l’obtention incertaine d’un prix littéraire ou des fluctuations des envies du lectorat, pointe Olivier Bessard-Banquy, spécialiste de l’édition contemporaine. Hormis pour les géants qui ont du fonds, l’édition généraliste est très peu compatible avec la Bourse ».

Après cent deux ans de cotation, de nouvelles pages pourraient vite s’écrire pour Hachette. « Dès l’entrée en Bourse de Louis Hachette, Groupe Bolloré va sans doute monter à 49,9 % du capital en payant les titres à un bon prix car il n’y a pas de prime de contrôle, parie un expert. Ce qui permettra au groupe d’être moins dilué au moment de la fusion avec Groupe Lagardère. »

Car, selon cet expert, la suite de l’histoire ne fait aucun doute : « D’ici six mois à deux ans, il n’y aura plus qu’une seule entreprise cotée. Cela n’a aucun sens de conserver Louis Hachette d’un côté et Groupe Lagardère de l’autre. » Le nouveau chapitre pourrait bien être à rebondissements.

Lire : Les Echos du 16 décembre

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI