Après 116 ans d’activité, l’imprimerie Deval à Romans-sur-Isère, entreprise familiale depuis 1908 a mis la clé sous la porte. Cette imprimerie indépendante avait fait face à des difficultés financières ces dernières années, mais un évènement a précipité sa chute. La société a été placée en liquidation judiciaire mi-novembre. L’imprimerie que dirigeait il y a quelques semaines encore Simon Rouxel, la cinquième génération de la famille Deval, se trouvait jusqu’au milieu des années 70 sur les boulevards de Romans avant d’être transférée près du stade Guillermoz. Elle a fait travailler jusqu’à 30 personnes.
L’âge d’or avant les premiers écueils
« C’était une vraie fourmilière dans l’imprimerie » raconte Simon Rouxel. « Moi qui me baladais tout petit dedans et qui courais derrière tout le monde et derrière les machines, c’est encore ce sentiment que j’ai au fond de moi. Avec beaucoup de bruit, les machines tournaient à plein régime ». Avec l’impression des journaux hebdomadaires, l’Impartial et L’écho valentinois, devenu l’écho Drôme-Ardèche, les livres, flyers, catalogues, cartes de visite, l’imprimerie s’en sortait bien. Et puis sont arrivées les premiers problèmes : « on a fait face à des coûts de la matière première qui ont connu des hausses extrêmement élevées. On a traversé la période Covid. Ce qui nous a fait beaucoup de mal, mais les aides de l’État ont été là pour nous sauver. Et on va dire que la période post-Covid a été compliquée avec un redémarrage de l’activité très dur. Il y a une diffusion au papier qui s’érode d’année après année. Après, comme je dis souvent, L’Impartial et l’Echo n’ont jamais été autant lus qu’aujourd’hui. Sauf que maintenant, on nous lit en papier et en numérique.
Une rotative sans conducteurs
Si l’imprimerie a toujours fait face, deux arrêts-maladie ont porté le coup de grâce. « Notre machine, c’était une Creusot-Loire. Une marque qui n’existe plus et qui a été liquidée il y a maintenant 20 ans. C’est un savoir-faire qui se transmet de génération en génération pour faire tourner cette machine achetée par mon grand-père ». Simon poursuit : « malheureusement, on a deux de mes salariés qui conduisaient cette machine et qui sont tombés malades. Et malheureusement, c’est le savoir-faire qui nous a mis dans la panade parce que du jour au lendemain, je n’ai eu plus de moyens humains pour faire tourner cette rotative. Je m’étais toujours dit que c’était un jour la machine qui allait nous lâcher et qui allait peut-être précipiter l’entreprise à sa mort. Malheureusement, c’est le destin qu’on a fait autrement. On va dire que c’est l’homme qui a malheureusement précipité l’entreprise dans le rouge ».
Deux hebdomadaires toujours imprimés…mais dans le Gard
Dans l’urgence, Simon Rouxel avait envoyé l’Impartial et l’Echo se faire imprimer à Dijon. Mais financièrement, ça ne tenait plus. Deval a perdu 50% de son chiffre d’affaires. L’imprimerie a été placée en liquidation judiciaire le 18 novembre dernier. Les 7 salariés sont en chômage technique. Les journalistes, eux, ont rejoint le siège de la société Deval Presse Info dans le centre de Romans ou sont toujours rédigés les articles de L’Impartial et de L’Echo Drôme-Ardèche. Mais désormais, les deux hebdomadaires sont imprimés à Gallargues-le-Montueux, entre Nîmes et Montpellier.