L’ingénieur publie une bande dessinée sur les ressources limitées de notre planète. Il juge illusoire les promesses des milliardaires de la Sillicon Valley et autres «cornucopiens» qui pensent qu’à l’avenir on pourra maintenir la croissance économique tout en assurant la transition écologique.
La croissance économique peut-elle être infinie dans un monde fini? Pourrons-nous maintenir notre mode de vie actuel dans les siècles qui viennent? L’économie est-elle vraiment en train de se dématérialiser? Le recyclage sauvera-t-il l’humanité? C’est à cette question majeure que s’attellent l’ingénieur Philippe Bihouix et le dessinateur Vincent Perriot dans leur bande dessinée Ressources, un défi pour l’humanité (Casterman). Il invite à adopter une logique de low-tech et de techno-discernement afin d’entrer dans un âge de la sobriété. Pédagogique et passionnant.
LE FIGARO.- Vous consacrez une bande dessinée à la question des ressources. Pourquoi selon vous cette question est-elle centrale et peut-être trop occultée aujourd’hui ?
Philippe BIHOUIX.- La disponibilité future des ressources est un débat ancien : au XIXe siècle, on s’inquiète déjà de l’épuisement des mines de charbon ! Dans les années 1950 à 1970, dans un contexte de croissance démographique et de développement économique, nombreux sont les écologistes « néo-malthusiens » à crier au loup et annoncer la pénurie.
Dans les années 1980 et 1990, les prix des métaux, du pétrole et du gaz chutent durablement et occultent le débat : le progrès technologique permet la mise en valeur de nouvelles ressources ; le bloc soviétique entre en crise et la consommation mondiale ralentit ; les Etats-Unis et l’U.R.S.S. revendent les stocks stratégiques constitués en cas de conflit majeur. La situation perdure jusqu’au milieu de la décennie 2000 – quand la consommation de la Chine et des pays émergents fait monter les prix à des niveaux records, avant le krach de 2008…
Lire Le Figaro du 22/11/24 page