Le groupe CMI France, propriété du magnat tchèque Daniel Kretinsky, a annoncé « prendre acte » de l’arrêt des négociations pour une revente de l’hebdomadaire à l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc. En juillet, Pierre-Edouard Stérin avait déjà échoué à racheter « Marianne ».
Nouvelle déconvenue pour Daniel Kretinsky. Le groupe CMI France, propriété du magnat tchèque, a annoncé samedi « prendre acte » de l’arrêt des négociations pour une revente de l’hebdomadaire « Marianne » à l’entrepreneur Jean-Martial Lefranc, après sa récusation par la société des rédacteurs (SRM). Il a déploré dans un communiqué « une situation inédite (qui) place le magazine dans une conjoncture incertaine ».
« On se félicite de l’arrêt des discussions parce qu’on était très inquiets des perspectives sur l’indépendance éditoriale. Notre objectif est atteint », a commenté auprès de l’AFP Hadrien Mathoux, président de la SRM, qui croit toujours aux possibilités de trouver un repreneur. « On a bien évidemment conscience de la situation qui est difficile mais on pense qu’on peut trouver des investisseurs qui seront à la fois respectueux de l’identité de Marianne et en capacité d’apporter les fonds nécessaires », a-t-il ajouté.
Mardi, la SRM avait déjà demandé « l’arrêt immédiat » des négociations engagées avec Jean-Martial Lefranc, assurant que ce dernier avait « la ferme intention » d’intervenir dans la ligne éditoriale du journal et de « remédier personnellement » aux articles ne répondant pas, selon lui, aux « exigences de la déontologie journalistique ». Selon la SRM, la viabilité financière de l’offre avait par ailleurs été « gravement » compromise par la défection de son principal contributeur, Antoun Sehnaoui. La rédaction s’était alors dite « prête à user de tous les moyens pour obtenir satisfaction dont la grève ».
L’entourage de l’entrepreneur, qui a fait carrière dans les jeux vidéo, avait réagi en déplorant « la radicalité » de la rédaction et en estimant que cette « attitude » ne permettait pas « d’envisager une reprise sereine et constructive de Marianne à date ».
Une offre déjà rejetée par la rédaction
Dans son communiqué samedi, le groupe CMI France prend donc acte de cette impasse et affirme qu’il examinera désormais « toutes les solutions envisageables », « déterminé […] à trouver un avenir pour le titre, en concertation avec la direction du magazine ». Le groupe, propriétaire de « Marianne » depuis 2018, « indiquera prochainement les grandes orientations qui pourraient alors être retenues », selon le communiqué.
En juillet, de précédentes négociations pour le rachat de Marianne avaient été arrêtées avec le milliardaire conservateur Pierre-Edouard Stérin , rejeté par la rédaction en raison d’accointances avec l’extrême droite que lui prêtent certains portraits de presse.
En 2023, avec 129.000 exemplaires vendus, « Marianne » a vu sa diffusion baisser de 1,3 % par rapport à 2022, derrière ses concurrents « Le Point » (291.000, -1,5 %), « L’Obs » (190.000, -7 %) et « L’Express » (144.000, -5 %), selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. « Marianne » a perdu 3 millions d’euros en 2023, pour 12 millions d’euros de chiffre d’affaires.
L’hebdomadaire, dont Natacha Polony dirige la rédaction, défend une ligne éditoriale souverainiste, pro-laïcité, antilibérale en économie et critique des élites. C’est ce ton qui a incité Daniel Kretinsky, libéral en économie et favorable à la construction européenne, à se séparer du magazine.