La disparition progressive des tracts et catalogues papier touche directement les imprimeurs, à l’image de l’imprimerie Nouvelle à Marseille.
Fondée en 1903, l’imprimerie Nouvelle, à Marseille, se targue d’être la plus ancienne encore en activité en ville. Dans ses locaux du 4e arrondissement, qui ont succédé à ceux du centre-ville, le calme règne en cette fin septembre. Guy Laurent, le patron depuis 2003, nous reçoit dans son bureau parsemé de brochures, goodies et autres affiches. Il montre, au-dessus de lui, les livres scolaires qu’imprimait l’entreprise au début du siècle dernier. « Les choses ont beaucoup changé depuis, sourit ce quinquagénaire. Les crises auxquelles nous sommes confrontés nous obligent à nous réinventer sans cesse. »
« Tous nos clients ont réduit la voilure »
L’interdiction à venir de la publicité dans les boîtes aux lettres est vécue comme un nouveau coup de massue par ce chef d’entreprise : « Ce n’est pas bon pour nous, les prospectus font vivre beaucoup de gens, des retraités qui les distribuent notamment, des sociétés, souligne-t-il. Tous nos clients ont réduit la voilure à ce niveau-là ces dernières années. Mais la publicité ne disparaîtra pas, on va simplement supprimer le papier pour surcharger des data centers », souffle-t-il.
Ces dernières années, les crises se sont multipliées pour le secteur : après le Covid, l’explosion du prix de l’électricité a fait du mal à ce type de PME. « Nos coûts ont doublé », résume Guy Laurent. À cela s’est ajoutée la hausse importante du prix du papier, qui a particulièrement touché les grandes imprimeries, « celles qui se sont regroupées ces dernières années pour survivre », confie le chef d’entreprise. « Pendant cette période, les sociétés ont beaucoup plus communiqué sur les réseaux sociaux et on ne les voit pas revenir en arrière. »
« Cela nous oblige à nous réinventer »
Face à ce climat morose pour le secteur, l’imprimerie Nouvelle veut faire de sa taille une force. « On est tout petits, donc adaptables, résume le patron. Il y a vingt ans, on n’imaginait pas du tout ce qui arriverait, mais cela nous oblige à nous réinventer. » La petite imprimerie s’est donc spécialisée dans les situations d’urgence. C’est chez elle que ce commerçant qui avait besoin de faire graver 120 stylos à la veille de la Foire de Marseille a trouvé son bonheur « en moins de 24 heures ».
Impression textile, broderie, gravure de boules de pétanque et même de canards en plastique (!), Guy Laurent ne s’interdit rien. « L’explosion de sites comme Vistaprint finit par nous faire de la publicité indirectement, estime même le chef d’entreprise. Les clients qui passent chez nous se rendent compte qu’on est plus réactifs et notre travail de meilleure qualité. »
Lire : La Provence du 4 novembre