En bon financier, le patriarche espère perpétuer, avec la scission, sa marque de fabrique : réussir à contrôler des sociétés sans jamais devoir en devenir l’actionnaire majoritaire.
« J’ai pris ma retraite il y a deux ans, et laissé ma place à mes successeurs, qui dirigent admirablement », assurait, sourire aux lèvres, Vincent Bolloré aux députés de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale consacrée aux fréquences de la TNT. C’était le 23 mars dernier. À 72 ans, l’influence du patriarche dans la gestion de son empire est pourtant plus forte que jamais. Le PDG de la Compagnie de l’Odet, holding de contrôle du groupe Bolloré, multiplie les allers-retours entre son manoir breton de Beg Meil (Finistère) et son bureau du 16e arrondissement, non loin de sa résidence parisienne. Il boucle en parallèle deux chantiers : la scission de son empire du divertissement Vivendi et la simplification de la cascade de holdings qui permet à la famille Bolloré de le contrôler.
« Sans lâcher une once de pouvoir pour le moment », confie un proche de la famille. Vincent Bolloré avait déjà réussi à transformer Vivendi en machine à distribuer des dividendes : 46 milliards d’euros au total en dix ans. Mais il trouve le groupe sous-valorisé en Bourse. Pour que les marchés l’apprécient enfin à sa juste valeur, il a décidé de le couper d’ici la fin d’année en quatre entités distinctes : Canal+, Havas, Louis Hachette Group et Vivendi SE.