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Christophe Hardy (SGDL) : « L’occasion cannibalise le livre et ceux qui le font exister »

Auteur et président de la Société des Gens de Lettres (SGDL), Christophe Hardy défend la rétribution des auteurs et éditeurs par les plateformes de vente en ligne de livres d’occasion. Ainsi que l’amendement au budget 2025 déposé en ce sens par 11 députés du bloc central.

Les lecteurs savent-ils que, sur les livres d’occasion, les auteurs ne touchent rien ? RIEN. En quatre lettres. Les droits d’auteur ont disparu. On dit savamment qu’il y a « épuisement du droit » parce que l’occasion procède de la revente d’un livre neuf qui, lui, a déjà généré des droits. Passons sur le fait qu’une œuvre de l’esprit, votre création, puisse continuer à générer des gains pour des revendeurs alors qu’elle n’en produit plus pour vous, le créateur. C’est un débat juridique qui dépasse le cadre de ma réflexion. Observons plutôt l’évolution récente d’un marché en pleine expansion et en pleine métamorphose.

Elle est alarmante. Une étude publiée en 2024 par le ministère de la Culture a montré qu’en 2022 un livre sur cinq était acheté d’occasion, que le chiffre d’affaires des revendeurs de livres d’occasion s’élevait à 350 millions d’euros (10 % du chiffres d’affaires du livre neuf) et qu’il connaît une croissance exponentielle (+49 % en cinq ans). Ce marché s’est par ailleurs profondément recomposé : il se concentre désormais autour de puissantes plates-formes, généralistes ou spécialisées (Amazon, Momox, Rakuten-Price minister, Ebay), au détriment de la revente entre particuliers et du réseau des bouquinistes, qui, lui, est en voie de disparition.

Ces plates-formes, rappelons-le, ne participent pas à l’économie de la création. Mais manifestement elles profitent de celle-ci, et de plus en plus. D’ailleurs, sur la plupart d’entre elles, le livre n’est qu’un produit d’appel : on vous propose par exemple un ouvrage d’occasion à 1 euro en vous facturant une prestation (ouvrage + frais de livraison) à 4 ou 5 euros. La marge bénéficiaire est donc principalement réalisée sur la refacturation de services de livraison à domicile ou en points de retrait, dont les tarifs sont préalablement négociés « en gros » au tarif le plus faible auprès d’entreprises spécialisées…

Lire la suite : Livres Hebdo du 23/10/24

Pascal Lenoir

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