Pour l’instant, les coûts environnementaux de l’IA sont réels, tandis que ses avantages pour le climat restent plus nébuleux
L’une des plus belles promesses de l’intelligence artificielle (IA) est qu’elle nous permettra de relever les plus grands défis de la planète, tels que le changement climatique. L’IA peut aider à gérer des réseaux électriques plus intelligents, à concevoir des véhicules électriques plus efficaces et à surveiller la pollution plastique dans nos océans. Mais les centres de données qui hébergent les derniers modèles d’IA consomment de scandaleuses quantités d’eau et d’énergie. L’IA serait-elle un problème plus qu’une solution en ce qui concerne l’urgence climatique ?
Des infrastructures gourmandes en énergie
L’expérience de Microsoft, qui a pris en 2020 l’un des engagements environnementaux les plus audacieux de l’histoire, met en lumière la façon dont la technologie tire dans des directions contradictoires. L’entreprise de la tech a promis d’être neutre en carbone d’ici à 2030 et de compenser d’ici à 2050 toutes les émissions qu’elle a générées depuis sa naissance en 1975. Mais Microsoft a encore un long chemin à parcourir. En mai dernier, elle a indiqué que ses émissions avaient augmenté de 29 % depuis 2020, alors qu’elle continue à investir massivement dans les infrastructures de données.
Début juin, l’entreprise a annoncé qu’elle investirait 3,2 milliards de dollars au cours des deux prochaines années pour développer son infrastructure de cloud computing en Suède. Au total, Microsoft a l’intention de dépenser plus de 50 milliards de dollars cette année dans des datacenters, dans le cadre de ce qu’un analyste a qualifié de “plus grande construction d’infrastructure que l’humanité ait jamais vue”. Le cabinet de conseil Gartner prévoit que les dépenses mondiales en centres de données augmenteront de 10 % cette année pour atteindre 260 milliards de dollars.
L’expérience de Microsoft, qui a pris en 2020 l’un des engagements environnementaux les plus audacieux de l’histoire, met en lumière la façon dont la technologie tire dans des directions contradictoires
Selon The Information [site dédié à l’actualité du secteur informatique, ndt], Microsoft et OpenAI, la start-up spécialisée dans l’IA qu’elle soutient sans réserve, prévoient également d’investir jusqu’à 100 milliards de dollars dans la construction d’un superordinateur et d’un centre de données aux États-Unis.
L’infrastructure de données géante nécessaire pour faire fonctionner les modèles d’IA générative gourmands en énergie cause déjà des dégâts environnementaux. Comme l’indique Microsoft dans son dernier rapport sur le développement durable, l’infrastructure et l’électricité nécessaires pour alimenter les technologies les plus récentes créent “de nouveaux défis pour respecter les engagements en matière de développement durable dans l’ensemble du secteur de la tech”.
Compensations environnementales
Bien que l’entreprise reste optimiste quant à la réalisation de ses objectifs à long terme – devenir neutre en carbone, avoir une empreinte positive pour l’eau et atteindre zéro déchet –, elle a reconnu qu’elle n’était pas encore sur la bonne voie concernant la réduction des émissions indirectes et le réapprovisionnement d’eau en quantité supérieure à celle utilisée dans ses centres de données.
Les chercheurs travaillent d’arrache-pied pour que les modèles d’IA fassent plus avec moins d’énergie, ce qui présente à l’évidence un grand intérêt financier et environnemental. Dans le cadre de son engagement écologique, Microsoft investit également beaucoup dans les énergies renouvelables. En mai dernier, le géant s’est engagé à mettre en service 10,5 gigawatts d’énergie renouvelable aux États-Unis et en Europe, en partenariat avec Brookfield Asset Management [entreprise de gestion d’actifs, ndt]. Le coût de cette capacité supplémentaire, qui équivaut à l’alimentation de 1,8 million de foyers, est estimé à 10 milliards de dollars…