L’hebdomadaire engagé contre l’obscurantisme, le complotisme et les extrémismes fête ses deux ans. Cofondé notamment par Raphaël Enthoven et Caroline Fourest, au sein du groupe CMI du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, le titre voit sa diffusion bondir à la faveur d’une actualité porteuse.
L’actualité tragique de ces dernières semaines a fait bondir les ventes de « Franc-Tireur ». Alors que l’hebdomadaire du groupe CMI, détenu par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, fête ses deux ans le 17 novembre, sa diffusion atteint depuis début octobre un niveau qui avait seulement été dépassé lors des deux premiers numéros.
Sur les cinq numéros parus depuis le début de l’attaque perpétrée par le Hamas en Israël le 7 octobre, le titre, qui se veut un outil de résistance contre l’obscurantisme, le complotisme, les extrémismes et l’intégrisme, s’est écoulé à plus de 30.000 exemplaires en kiosque en moyenne, contre 20.000 en moyenne entre le début de l’année et l’événement. Comparable aux ventes en kiosque du « Point » (29.000 en 2022-2023 selon l’ACPM), et très supérieur à celles de « L’Obs » (environ 15.000) et de « L’Express » (environ 10.000), ce niveau dépasse les attentes de CMI. « On essayait plutôt de se stabiliser autour de 20.000 ventes en kiosque », se réjouit Caroline Fourest, la directrice du journal.
Outre son positionnement engagé dans le débat d’idées, qui trouve son public, « Franc-Tireur » s’appuie sur un concept bien calibré : un format de 8 pages sans publicité, pliable et maniable, rempli d’articles courts, afin que l’ensemble puisse être lu rapidement. L’absence de photo laisse plus de place au texte, qu’aèrent quelques illustrations.
Croissance des abonnés
« Le temps d’un café, les lecteurs ont parcouru une partie du journal et sont réarmés intellectuellement pour tenir la conversation de la semaine avec l’oncle qui vote RN, le cousin qui vote LFI, le beau-frère complotiste… » résume Caroline Fourest. Le prix, fixé à deux euros, n’a pas évolué contrairement à celui de beaucoup de titres, malgré la flambée du prix du papier. Pour absorber le surcoût, le journal a préféré opter pour un papier moins coûteux. Selon Caroline Fourest, « ce format accessible permet de séduire des lecteurs qui n’achetaient plus de journaux », en plus des CSP + férus de ce genre de publication.
Les abonnements – papier ou sous format exclusivement numérique – connaissent une croissance régulière. Le journal compte désormais 30.000 abonnés (dont 8.000 numériques), contre 20.000 au début de l’année. Si bien qu’après deux années d’existence, « « Franc-Tireur » frôle la rentabilité », indique Valérie Salomon, la présidente de CMI France.
Si sa diffusion se maintient à son niveau actuel, le média, qui ne compte que 6 salariés et de nombreux collaborateurs extérieurs, « sera dans le vert », selon Valérie Salomon, également grâce aux trois hors-séries parus depuis la création. Le dernier en date, consacré aux fake news, s’approche des 50.000 exemplaires, sur une format de 16 pages à 5 euros. Celui sur le wokisme s’est lui vendu à 30.000 exemplaires.
Présence sur les réseaux sociaux
Né d’une discussion entre le président du conseil de surveillance de CMI, Denis Olivennes, et le fondateur de « Marianne » Jean-François Kahn, qui voyaient un espace pour un hebdomadaire « au service de l’apaisement et de la modération », selon CMI, « Franc-Tireur » a bénéficié dès son lancement de la notoriété plus de ses cofondateurs.
Le philosophe Raphaël Enthoven et l’essayiste Caroline Fourest comptent ainsi tous deux plus de 250.000 abonnés à leurs comptes X (ex-Twitter) et l’ex-directeur de la rédaction de « L’Express », Christophe Barbier, près de 500.000. L’ex-directeur délégué de « Marianne », Eric Decouty, complète le quatuor de fondateurs.
Fort de ses bons résultats, « Franc-Tireur » veut désormais développer sa notoriété et séduire un lectorat plus jeune, avec le lancement récent d’une offre d’abonnement moins chère pour les étudiants. A plus long terme, le titre pourrait aussi lancer des podcasts, en tirant profit du savoir-faire du spécialiste Louie Media, au sein du groupe CMI.
Lire : Les Echos du 16 novembre