Alors que le 50e Festival international de la bande dessinée ouvre ses portes à Angoulême, le groupe Bande dessinée du Syndicat national de l’édition révèle les résultats d’une étude qualitative réalisée par le cabinet Junior City* sur les pratiques et trajectoires des lecteurs de bande dessinée. Elle permet de mieux connaître et comprendre les mécanismes d’entrée dans la lecture de BD, les dynamiques de décrochage et les modalités d’influence, en particulier chez les plus jeunes, et les femmes.
L’entrée dans la lecture de BD : le poids de l’influence familiale
Perçue comme un outil ludo-éducatif permettant d’apprivoiser et de se familiariser avec la lecture, la bande dessinée est plébiscitée dès 7 ans pour ses thèmes humoristiques et d’aventure, ses couleurs et sa mise en page, mais aussi parce qu’elle est fortement admise et transmise par les parents. Les enfants entrent donc dans la lecture de bandes dessinées par le genre franco-belge, connu de toute la famille. L’école, à travers les bibliothèques, les CDI et les enseignants, est également une importante source d’influence.
Le manga, un marqueur adolescent
Dès l’entrée au collège, à 11 ans, les jeunes se tournent peu à peu vers le manga au détriment de la BD franco-belge. Son format poche, sa sérialité et la fréquence des publications permettent une lecture interstitielle ou « snacking » en phase avec leurs modes de consommation et leur rythme de vie. Très présent dans les cours de récré, le manga devient objet de socialisation, d’émancipation, voire d’intégration.
Le webtoon fait également son apparition dans les pratiques des collégiens, apprécié pour sa lecture nomade, son format court et la diversité de l’offre.
Les années lycée : le risque de décrochage avec la BD franco-belge
Le rythme de la scolarité, un report sur le roman et de nouveaux loisirs laissent aux lycéens moins de temps libre pour se consacrer à la lecture de BD. L’équipement croissant en écrans (qui a commencé dès le collège) tend à accentuer aussi ce décrochage : d’autres activités sur écrans sont privilégiées à celle de la lecture. C’est le début d’un décrochage avec la BD qui se poursuit en études supérieures.
Cependant, ceux qui restent lecteurs de BD explorent l’offre, spécialisent leurs lectures et deviennent de véritables fans, avec une pratique « boulimique ». Le choix des titres est orienté par les pairs mais aussi de façon grandissante par les réseaux sociaux et leurs influenceurs. La fréquentation des librairies va croissante entre le lycée et les études supérieures, l’objet BD et la lecture sur papier étant de façon unanime le moyen de lecture le plus apprécié. Le genre préféré reste le manga. À partir de 15 ans, la lecture de webtoon s’intensifie également.
Les lectrices de 25 à 49 ans : un regard positif sur le genre
Malgré un temps de lecture consacré en grande partie au roman et donc une pratique occasionnelle, elles restent fidèles à la BD franco-belge qui constitue leur référence principale. Peu influencées par leur entourage, les librairies sont leur principale source de découvertes. La maternité est leur principale occasion de raccrochage à la lecture de BD. En accompagnant leurs enfants dans les bibliothèques, elles élargissent parfois leur choix en se dirigeant vers des comics, romans graphiques, mangas et webtoon pour les plus jeunes d’entre elles. Elles admettent finalement peu connaître l’offre.
Lire : sur le site du SNE, publié le 25 janvier