Si l’OPA déposée par le groupe d’édition et de médias suédois Bonnier sur son compatriote Readly, l’un des deux leaders européens des plateformes de presse par abonnement, va à son terme, son rival français Cafeyn reprendra les activités de l’entreprise, hors pays nordiques.
Le marché européen des kiosques numériques est en voie de consolidation. Ce lundi, Bonnier News, filiale du conglomérat suédois des médias Bonnier News Group AB, a annoncé le dépôt d’une offre publique d’achat sur son compatriote Readly, l’un des deux leaders des kiosques de presse numériques en Europe. Si l’OPA va à son terme, cette opération s’accompagnera de la cession à l’autre leader européen du secteur, le Français Cafeyn, des activités de la société hors des pays nordiques, selon les termes d’un « partenariat stratégique » entre Bonnier et Cafeyn. Le montant de la vente est confidentiel.
Côté au Nasdaq Nordic depuis septembre 2020, Readly, qui offre l’accès à 7.500 publications internationales, compte presque 447.000 abonnés dans 50 pays. L’Allemagne (35,9 % des ventes au troisième trimestre 2022) et le Royaume-Uni (20,6 %) sont ses deux premiers marchés, devant la Suède (16,8 %) et la France (10,7 %), où le groupe suédois avait racheté en octobre 2021 Toutabo, l’éditeur du kiosque numérique ePresse, qui s’est allié à Orange.
Au total, plus des trois quarts des activités de Readly seraient concernés par la cession à Cafeyn, qui, de son côté, agrège les contenus de 2.500 médias et compte environ 2,5 millions d’utilisateurs actifs, avec des offres dédiées en France, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Canada. Les deux leaders européens des kiosques numériques n’en formeraient plus qu’un (hors Scandinavie).
Complémentarité
« Le positionnement d’une plateforme comme la nôtre requiert une taille critique et un déploiement à l’international, que nous avons engagé depuis plusieurs années », justifie le PDG de Cafeyn, Ari Assuied. Les deux sociétés sont très complémentaires, souligne-t-il, en particulier sur le plan géographique, Readly étant bien implanté en Allemagne, en Autriche et en Suisse.
Leurs catalogues se marient bien. « Cela va nous permettre de renforcer notre relation avec tous les éditeurs afin de les accompagner dans leur transition numérique », déclare le PDG. Réunies, les deux plateformes rassembleraient plus de 7.000 publications à travers le monde, constituant un « champion européen » et un « leader mondial des services de streaming d’information en dehors de la région scandinave », indique le communiqué de Cafeyn.
Dans les pays où Readly est bien installé, le groupe continuerait d’opérer sous la marque Readly, dans le cadre d’un accord de licence avec Bonnier News, pendant une période de transition. Les salariés actuels de Readly (hors Scandinavie) devraient rejoindre Cafeyn, mais leur sort ne sera définitivement précisé qu’après la transaction.
Si l’OPA se conclut. Car la cession ne sera effective que si l’offre de Bonnier sur Readly est acceptée par plus de 90 % des actionnaires de la société cible, et sous réserve que les autorisations nécessaires soient délivrées. Un comité, nommé par le conseil de surveillance de Readly, a recommandé aux actionnaires d’accepter l’offre, qui prévoit une prime de 59,3 % par rapport au cours de l’action du vendredi 2 décembre (pour un montant total d’environ 42 millions d’euros). La proposition expire le 13 janvier.
Synergies entre journaux et plateforme en ligne
Certains acteurs du dossier s’étonnent du choix fait par Bonnier de ne pas conserver une plus large part de Readly. Le géant suédois des médias, avec 200 marques et plus de 2 millions d’abonnés, veut se concentrer sur son marché domestique et tirer parti des synergies entre ses journaux et la plateforme en ligne, afin d’attirer de nouveaux abonnés et fidéliser son lectorat, selon le communiqué de Bonnier.
Même si ses revenus sont en croissance de 31,2 % sur les trois premiers trimestres de l’année 2022, Readly affiche un résultat net négatif sur la période (8,3 millions d’euros sur les trois premiers trimestres 2022, ou 91 millions de couronnes suédoises). Cafeyn, qui avait racheté le Néerlandais Blendle en 2020, est rentable et peut s’appuyer, pour financer cette opération, sur le fonds Bregal Milestone, entré à son capital en 2020.
Lire : Les Echos du 5 décembre