Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Lettonie héberge plusieurs médias d’opposition au Kremlin.
Arrivée il y a peu à Riga, le rédacteur en chef de la télévision russe Dojd, Tikhon Dziadko, donne rendez-vous dans un parc avec vue sur Milda et ses trois étoiles, la «statue de la Liberté» lettone. La diffusion en exil de cette chaîne créée en 2010 a déjà commencé, mais il court encore à droite et à gauche pour s’installer dans la capitale lettone. «Après le début de la guerre, la Russie a imposé la censure militaire. Il était impossible de travailler comme journaliste indépendant», raconte-t-il.
Prendre la direction de Riga, refuge de l’intelligentsia russe, s’est imposé comme une évidence. Le quotidien Novaïa Gazeta y a délocalisé sa rédaction quelques mois plus tôt et a sorti son premier numéro en exil début mai. C’est là aussi que se sont installés le média en ligne Meduza en 2015 et le cinéaste documentariste Vitaly Mansky. Lundi 28 novembre, la capitale lettone a de surcroît accueilli la 84e édition du prix Albert-Londres.
«La Lettonie nous a fourni des visas, de l’aide, ici le coût de la vie n’est pas trop cher», explique Kirill Martinov à la tête de Novaïa Gazeta. Une organisation hébergée au sein de la Stockholm School of Economics de Riga les assiste. «Nous les aidons à obtenir des visas, à ouvrir des comptes en banque, à trouver un logement ou même nous leur fournissons une aide psychologique», explique Sabine Sile à la tête de cette organisation. Pour la protection des personnes arrivées en Lettonie, les chiffres précis ne sont pas donnés, mais elles seraient aujourd’hui quelques centaines avec les membres de leurs familles à travailler depuis Riga. Au niveau gouvernemental, la Lettonie facilite aussi leur arrivée en délivrant des visas humanitaires, et voudrait voir la création d’un mécanisme européen pour accueillir les journalistes russes…