Plus de 250 journalistes et professionnels des médias dénoncent « l’hyperconcentration des médias », dans une tribune publiée mercredi dans Le Monde, où ils appellent les candidats à l’élection présidentielle à prendre des engagements pour s’opposer à ce « fléau ». A quatre mois du premier tour et alors que la privatisation de l’audiovisuel public agite le débat politique, les signataires exhortent les candidats à la présidence à s’engager, s’ils sont élus, à « limiter la concentration des médias » et ainsi « protéger fermement la liberté d’informer ». Pour ce faire, ils proposent quatre mesures inspirées des travaux de spécialistes de la question comme l’économiste Julia Cagé et l’avocat Benoît Huet ou encore de l’ONG Reporters Sans Frontières. Une « réforme en profondeur de la loi de 1986 relative à la liberté de communication » assortie de la création d’un « statut juridique » spécifique pour les rédactions et d’un « délit de trafic d’influence en matière de presse » sont ainsi proposées pour « limiter tout interventionnisme des actionnaires » et « garantir la participation active des rédactions à la gouvernance de leurs médias ». Une clarification des rôles des structures visant à protéger l’indépendance et le pluralisme de l’information comme le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ou le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) est également plébiscitée par le texte. « L’hyperconcentration des médias » dans les mains « de quelques milliardaires » représente « un fléau médiatique, social et démocratique », alertent les signataires parmi lesquels figurent Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, et Emmanuel Poupard, premier secrétaire général du Syndicat national des journalistes. La tribune dénonce notamment l’influence du milliardaire Vincent Bolloré, à la tête de plusieurs chaînes de télévision (Canal+, C8, CNews), maisons d’édition (Editis), journaux (magazines de Prisma Media, JDD, Paris Match) et d’une radio (Europe 1). Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, a annoncé la semaine dernière vouloir accélérer l’acquisition du groupe de presse Lagardère, dont il est déjà premier actionnaire avec 27% du capital. « Jamais la production d’informations et la production culturelle n’ont dépendu à ce point d’une seule et même personne », assurent-ils. De nombreux journalistes et plusieurs représentants associatifs à l’instar d’Annick Coupé, secrétaire générale d’Attac France ou Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme font partie des signataires. Une mission de réflexion sur le sujet, lancée par le gouvernement, est en cours de réalisation et doit rendre un rapport au premier trimestre 2022.
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