« L’Equipe » a notamment signifié qu’il allait sortir de ces kiosques digitaux, mais il n’est pas le seul. Certains titres veulent désormais privilégier leurs propres offres d’abonnement numériques.
Certains éditeurs reprochent aux kiosques d’avoir joué l’effet volume avec des partenariats de distribution. (Les Echos)
Nouvel épisode dans l’histoire chahutée des kiosques numériques de type ePresse (allié avec Orange) ou SFR Presse (désormais Presse by Cafeyn) donnant accès de façon illimitée à de nombreux quotidiens et magazines en format numérisé pour une dizaine d’euros par mois.
Après avoir été propulsés par l’économie de TVA qu’ils faisaient faire aux opérateurs télécoms quand ils étaient intégrés à leur offre haut débit et télévision, puis avoir dû se réinventer quand l’administration a interdit ce tour de passe-passe , ces kiosques s’étaient remis en selle. Mais aujourd’hui, il semble que leur succès en audience décourage certains éditeurs de titres, qui estiment ne plus s’y retrouver du point de vue économique.
Victime de leur succès
« L’Equipe » a ainsi signifié à tous les kiosques qu’il allait se retirer d’ici la fin de l’année, comme l’a révélé une interview de Laurent Prud’homme, son patron, dans « Mind Media ». Or le quotidien sportif était une source très importante de lecteurs pour ces kiosques. Mais il n’est pas le seul. « Nous avons pris la décision de sortir d’ici la fin de l’année », déclare Renaud Grand-Clément, PDG du magazine « Le Point ». « Le Parisien » (qui appartient, comme «Les Echos», à LVMH) réfléchirait également à partir.
D’une certaine manière, les kiosques sont victimes de leur succès. Les éditeurs appréciaient les revenus complémentaires qu’ils apportaient pour des coûts faibles et donc un surplus de bénéfices bienvenu en ces temps difficiles. Mais les accords passés par les kiosques pour rentrer dans des bouquets de contenus, notamment celui qui met Cafeyn à disposition des abonnés à Canal+, inquiètent les éditeurs. « Le problème de jouer l’effet volume est que le prix à la copie ne suit pas et que l’offre commence à cannibaliser les nôtres », explique un éditeur.
Sur ces kiosques, les éditeurs sont en général payés à la copie téléchargée, avec un système de minimum garanti. Une majorité des lecteurs passent par ces bouquets et ne payent donc pas le prix d’affichage de 10 euros par mois.
Attirer vers son écosystème
Face à la crise publicitaire de ces dernières années, beaucoup de médias ont mis le cap sur leur propre offre numérique et payer pour la presse commence à rentrer dans les moeurs des lecteurs. « Nous avons environ 40.000 abonnés purement numériques (sur un total de 200.000), donc une énorme marge de progression pour laquelle nous avons beaucoup investi en technologie », détaille Renaud Grand-Clément. Pour le magazine, la mise à disposition des numéros dans les kiosques numériques affecte désormais les prises d’abonnement.
De même, le groupe L’Equipe a récemment musclé son offre numérique avec un nouveau volet baptisé « Explore » enrichissant l’offre payante, mais aussi en faisant le pari d’un changement d’échelle dans la diffusion gratuite en live d’événements sportifs, financée par la publicité. C’est cette expérience numérique qu’il veut offrir à tous ses utilisateurs pour grimper de 335.000 à 450.000 abonnés d’ici à 2025.
Cafeyn s’est imposé récemment comme un acteur incontournable des kiosques en France. Il a racheté le néerlandais Blendle, l’ex-« iTunes de la presse », à l’été 2020 et s’est développé à l’international. A l’époque, il revendiquait 1,5 million d’utilisateurs actifs. En France, il est le kiosque attitré de l’offre de Bouygues Telecom (cela date de l’époque où il s’appelait encore LeKiosk) et gère désormais SFR Presse. Cafeyn et ePresse n’ont pas répondu à nos sollicitations pour un commentaire.
Lire : Les Echos du 23 septembre