La moitié des technologies nécessaires pour rendre, dans trente ans, l’économie mondiale neutre en carbone n’est pas encore au point. Les experts tirent la sonnette d’alarme.
Début août, les scientifiques du Giec ont alerté une nouvelle fois sur le réchauffement climatique préoccupant et l’urgence à agir pour le contrer. En fin de semaine dernière, un laboratoire américain a réussi pour la première fois, grâce à la fusion nucléaire, à produire davantage d’énergie que leur expérience en consommait. Cette technologie ne devrait cependant pas déboucher sur un réacteur commercial avant la deuxième moitié du siècle.
Ainsi vont la recherche et l’innovation, pas toujours au pas des préoccupations des hommes. Si la fusion en est au stade de la recherche fondamentale, la moitié des technologies décarbonées nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050 n’en est qu’au stade du prototype ou de démonstrateur. C’est une des conclusions préoccupantes, passée relativement inaperçue, du rapport «Net Zero» de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié au printemps. Cette proportion est encore plus importante dans l’industrie lourde. «Sans une accélération majeure dans l’innovation en faveur des énergies décarbonées, il ne sera pas possible d’atteindre zéro émission nette de CO2 à horizon 2050», prévient l’AIE. Il faut commencer tout de suite, exhorte l’agence: «Un effort majeur d’innovation est nécessaire d’ici à 2030 pour mettre ces solutions sur le marché.»
On n’y est pas
Chercheurs, start-up et départements R&D des grandes entreprises sont lancés dans une course contre la montre. Il faut, en l’espace d’à peine trois décennies, développer et rendre rentables la production d’électricité neutre en CO2 et l’électrification des secteurs fortement dépendants des énergies fossiles…