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Littérature, arts : “L’IA est trop sérieuse pour être laissée aux informaticiens”

Les universitaires n’ont pas baissé les bras devant les mesures sanitaires : les colloques dématérialisés, voire hybrides quand ce fut possible, ont permis de réunir les intervenants autour de projets de recherche. À ce titre, Alexandre Gefen, directeur de recherche au CNRS et historien des idées et de la littérature, a monté un projet tonitruant : IA Fictions. Un colloque — bilingue — réunissant une quarantaine d’intervenants autour des liens entre l’intelligence artificielle et l’écrit.

Alexandre Gefen le note dans son introduction : « L’IA est trop sérieuse pour être laissée aux informaticiens. L’IA, c’est un projet pluridisciplinaire allant des mathématiques aux sciences cognitives, mais faisant aussi intervenir les sciences humaines et sociales qui utilisent l’IA autant qu’elles pensent l’IA. »

IA Fictions s’est tenu du 3 au 5 juin, et se présentait comme le premier rendez-vous de ce genre : au menu, littérature, séries, films, bandes dessinées, jeux vidéo ou arts plastiques. La perspective était de s’intéresser à la manière dont l’intelligence artificielle était perçue dans les arts et aux apports créatifs qu’elle permet, dans ces mêmes secteurs.

« La culture est le creuset dans lequel l’IA se nourrit et s’invente. [Elle] se nourrit de fictions elle s’est toujours nourrie de fictions », souligne le chercheur. Or, l’IA, moins que jamais, ne représente aujourd’hui une fiction. Et à ce titre, elle soulève des craintes qui remontent à la nuit des temps, depuis les mythes égyptiens, en passant par la fantasmagorie grecque, ou encore les soldats automates chargés de protéger les répliques de Bouddha.

Du golem, personnage d’argile de la mystique juive aux automates — même les imposteurs — l’image de l’intelligence artificielle planait. Et les fictions l’entourant, transitant de la machine magique à la machine pensante anthropomorphe alimentent les cauchemars de substitution à l’humanité autant que les perspectives de sociétés nouvelles.

« L’IA est devenu à la fois moins fantasmatique puisque nous pouvons parler à Siri, à notre assistant Google et plus fantasmatique, puisque l’horizon d’une IA générale — celle qui nous menace de sa singularité — se précise », relève Alexandre Gefen.

Or, si notre futur passe aussi par des échanges avec les IA, autant profiter de ce que la fiction nous a offert, pour anticiper, autant que faire se peut, le futur et leur présence parmi nous.

L’ensemble du colloque, en vidéo, est à retrouver à cette adresse

Lire la suite : Actualitté du 23/07/21

Pascal Lenoir

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